Le projet HOUSING FIRST NAMUR
Le modèle initial
Le modèle « Housing First » est né en 1992 à New York, sous l’impulsion du psychiatre américain Sam Tsemberis et de son organisation Pathways to Housing (PHF). Ce modèle propose un accès direct au logement pour des personnes sans-abri chroniques — c’est-à-dire des personnes présentant une condition invalidante et étant sans domicile depuis plus d'un an, ou ayant connu au moins quatre épisodes de sans-abrisme au cours des trois dernières années. Ces personnes sont généralement caractérisées par des troubles mentaux graves, une consommation problématique d'alcool et/ou de drogues, des comportements perturbateurs, des délits mineurs, ou encore de longues périodes de chômage.
Contrairement aux approches traditionnelles qui exigent un traitement préalable, le modèle Housing First démontre que l’accès immédiat au logement constitue une condition essentielle pour permettre à ces personnes de progresser dans d’autres aspects de leur vie.
Deux conditions sont imposées pour bénéficier du logement dans ce cadre :
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Une visite hebdomadaire d'une équipe d'accompagnement ;
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Le paiement du loyer et le respect de la tranquillité du voisinage.
Le projet Housing First Namur vise à s’aligner le plus fidèlement possible sur ce modèle, fondé sur une analyse fine des trajectoires de vie des personnes confrontées à un sans-abrisme chronique.
Les huit principes de base du Housing First (HF)
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Le logement comme droit fondamental
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Le respect, la bienveillance et la compassion envers tous les locataires HF
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L’engagement à travailler avec le locataire aussi longtemps que nécessaire
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Des logements diffus (répartis dans différents quartiers, non concentrés)
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La séparation du logement et de l’accompagnement
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La liberté de choix et l’autodétermination
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Le rétablissement
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La réduction des risques
Genèse du projet namurois
Bien que Namur soit encore trop souvent perçue comme une ville bourgeoise à l'abri de la précarité, elle n’échappe pas à la problématique du sans-abrisme, et en particulier du sans-abrisme chronique, avec la complexité des besoins qu’il implique.
Ainsi, en 2015, à Namur :
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613 personnes différentes ont transité par l’abri de nuit, totalisant 9 954 nuitées ;
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518 personnes différentes ont été rencontrées par les Équipes Mobiles de Rue (EMR) ;
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998 personnes différentes ont été accueillies au Relais Santé.
Parmi les 4 839 personnes rencontrées par les divers services partenaires du secteur de la grande précarité et du sans-abrisme, 40 % (soit 1 530 personnes) vivaient la forme la plus sévère d’exclusion au logement, à savoir, le sans-abrisme.
Au-delà de ces chiffres révélateurs, les constats qualitatifs recueillis par le RSUN (réunions de coordination, concertations, pilotage des plans saisonniers, organisation d'événements et de formations, etc.) témoignent d’une aggravation du phénomène : complexification et lourdeur des situations, saturation des dispositifs d'accueil, interventions échouées, refus d’aide plus fréquents, montée de la violence, etc. Ces éléments mettent en lumière l'ampleur du sans-abrisme, tant en termes de besoins au sein des situations individuelles qu’en nombre de personnes concernées.
Le 1er juillet 2015, le RSUN a lancé le projet Housing First Namur. Celui-ci a vu le jour grâce à un financement fédéral (Secrétariat d’État à la Lutte contre la Pauvreté — SPP Intégration Sociale — Loterie Nationale), dans le cadre de l'expérimentation Housing First Belgium déjà initiée en 2013 dans six villes du pays. Aujourd’hui, le projet bénéficie d'un soutien pérenne de la Région wallonne.
En complément, Housing First Namur bénéficie ponctuellement de subsides obtenus via des appels à projets, permettant d’enrichir l’offre de services. Le projet est également soutenu et renforcé par une collaboration active avec la Ville de Namur.